Si la royauté du Christ n’est pas de ce monde, quel type de pouvoir exerce-t-il alors ? Un commentaire des textes de cette Fête du Christ, Roi de l’Univers – Année B : Deutéronome 7,13-14 ; psaume 92 ; Apocalypse 1,5-8 et Jean 18,33-37.
La première lecture ne nous parle pas de Dieu prenant le pouvoir, mais d’un fils d’homme. Cela veut dire que c’est l’humanité qui est destinée à dominer sur tout ce qui lui est contraire. Le fils d’homme finira par être appelé Fils de l’homme, ce qui peut signifier qu’aujourd’hui l’humanité est en gestation ; elle finira par donner le jour à un homme nouveau, dont le Christ représente les arrhes et l’anticipation. Jésus parle du « Royaume de Dieu » au futur mais aussi, parfois, au présent : il est « au milieu de vous ». En effet, l’homme nouveau, le Christ, a vécu parmi nous et il est en nous dès que nous faisons corps dans l’amour. Pourtant tout cela reste caché et ne sera révélé qu’à sa venue dans sa « Gloire » qui sera aussi la gloire de l’humanité, du « Fils de l’Homme ». Certes, le thème royal nous reste un peu étranger et nous avons du mal à concevoir la relation entre Dieu et nous comme une relation souverain-sujets. Comprenons que le Christ ne prend pas le pouvoir sur nous, qui ne sommes pas sujets mais fils, héritiers du Royaume (Galates 4,1-7). Le Christ prend bien le pouvoir, mais sur tout ce qui nous asservit, les fameuses puissances et dominations dont Paul parle si souvent et qui représentent tout ce qui entrave notre liberté. Pour cela il a dû être « élevé au-dessus », ce qui, chez saint Jean, signifie la crucifixion. En se soumettant à ces puissances, Jésus semble dire : elles n’ont aucune importance, elles ne peuvent rien sur nous puisqu’elles ne peuvent pas nous empêcher d’aimer. Et il le montre.
La Royauté du Christ
En fait l’expression Christ-Roi est un pléonasme, car le mot Christ désigne celui qui a reçu l’onction royale. Parfois c’est tout le peuple qui est appelé Christ, ce qui nous ramène au paragraphe précédent. Mais comment s’exerce la royauté du Fils de l’homme ? Nous avons vu qu’elle consiste en une prise de pouvoir sur tout ce qui nous est contraire. « Tout est à vous… soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit le présent, soit l’avenir. Tout est à vous ; mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » (1 Corinthiens 3,21-23). Cette dernière phrase implique que nous n’accédons à la royauté qu’en participant à celle du Christ. Certes, tête et membres ne font qu’un selon une autre image utilisée par Paul, mais c’est bien la tête qui inspire les membres. Si le rapport du Christ à nous n’est pas un rapport d’autorité au sens ordinaire du mot, en quoi consiste-t-il ? Notre évangile répond à cette question. Jésus dit bien à Pilate qu’il est roi et il précise que cette royauté n’est pas du genre de celles qui s’exercent en ce monde. Le seul pouvoir qu’exerce le Christ, c’est l’attraction de la vérité, de notre propre vérité, celle qui fait de nous des êtres humains. Voilà qui ressemble à ce que Jésus dit en Jean 6,44 : « Personne ne vient à moi si le Père, qui m’a envoyé, ne l’attire. » Cette attraction exercée par l’Origine pour nous conduire à être vraiment, « en vérité », nous laisse à notre liberté ; et c’est de là que viennent tous nos problèmes.
La fête de notre avenir
Que nous parlions du Christ-Roi, de l’Ascension de Jésus, le Fils de l’homme au-dessus de tout, de son entrée dans la gloire, que nous disions, comme dans le Credo, qu’il est assis à la droite du Père, nous disons la même chose : celui qui a pris notre humanité en lui-même parvient à la vérité de l’amour en se donnant aux autres et, par là, entre dans la joie plénière. Ce faisant, il trace une voie que nous avons à emprunter si nous voulons le rejoindre là où il est parvenu. « Devant moi tu as ouvert un passage. » Nous ne sommes plus enfermés dans un destin de mort. C’est pourquoi, quand nous célébrons la fête du Christ-Roi, c’est nous-mêmes que nous célébrons. Ce qui nous déconcerte, c’est que nous parvenions à cet avenir de vérité et de vie (Jean 14,6) en traversant le pire : l’échec, la maladie, le deuil, la mort. Pourquoi l’accouchement à notre vérité passe-t-il par là ? Le fameux problème du mal n’a jamais reçu de solution satisfaisante. Mais il existe entre nous et ce qui nous blesse une connivence parfois déroutante. Nous avons du mal à croire en la vie et en la joie. Or, rien ne se produit dans le domaine de notre accès à cette Royauté sans la foi et l’espérance en l’amour qui nous fait exister. À la base de nos refus et de nos hésitations, la peur, qui est justement le contraire de la foi. Cette peur nous asservit et nous bloque sur le chemin de la liberté. Lire la formule saisissante d’Hébreux 2,15.
Source : P. Marcel Domergue, jésuite (22/10/2009) – Pour le journal La Croix
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